Force est de constater que l’agriculture est et sera le moteur de l’économie africaine et du Bénin en particulier. Pendant plusieurs années, afin de rentabiliser la production agricole, les paysans ont toujours pensé à la théorie : plus d’engrais minérales = plus de production agricole. Mais cette théorie a fini par montrer ses limites que sont :
1- Les engrais inorganiques et herbicides chimiques polluent facilement le sol par conséquent les rivières, les lacs, les fleuves surtout que toutes les eaux du nord du pays viennent au sud… ;
2- La dépendance à l’engrais inorganique augmente chaque année nécessitant beaucoup plus d’engrais pour produire le même rendement, ce qui rend insoutenable l’ensemble du processus ;
3- Les ravageurs et les maladies deviennent de plus en plus difficiles à maitriser car ils deviennent plus résistants aux pesticides chimiques après une utilisation prolongée ;
4- Les pesticides chimiques tuent les insectes utiles qui mangent les parasites rompant ainsi la chaine alimentaire.
Par ailleurs, le défi du changement climatique dont l’impératif étant de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80% à 60% dans tous les secteurs laisse à désirer pour plusieurs raisons dont:
1- La fabrication des engrais azotés est celle qui nécessite assez d’énergie dans l’agriculture ;
2- L’agriculture est la source la plus importante de gaz à effet de serre : l’oxyde nitreux (N2O) issu de l’utilisation de ces engrais chimiques est 310 fois plus dangereux que le dioxyde de carbone (CO2) ;
3- Chaque tonne d’engrais dégage un équivalent de 6,7 tonnes de CO2 de gaz à effet de serre ;
4- La fabrication d’engrais nécessite une importante quantité d’eau : soit 37 tonnes d’eau pour une tonne d’engrais chimiques.
Plus loin, cette agriculture inorganique ou conventionnelle à d’énormes répercussions sur la santé. Les produits sont souvent mal employés parce que la plupart des instructions ne sont pas écrites dans la langue comprise par les paysans qui les utilisent. Ce qui entraine de nombreux cas d’accident tels que les personnes souffrant d’éruptions cutanées sévères, de maux de tête. Aussi de nombreux cas d’intoxication alimentaire se révèlent surtout dans le nord du pays qui est le bassin cotonnier du pays. Multiplication des cas d’intoxications alimentaires au Bénin.
Selon une étude effectuée par le professeur Mamadou Sawadogo, universitaire burkinabé, sur les effets des pesticides sur les hommes et leur environnement, on constate que le mal est là et mérite qu’on s’y attarde. En effet, sur un échantillon de 100 producteurs chargés des traitements phytosanitaires dans la zone cotonnière de Gourma au Burkina Faso, des maux de têtes sévères sont les symptômes les plus fréquents qui affectent 92 % des enquêtés. A cela il faut ajouter des cas de vertiges pour 83 %, de tremblements des mains pour 54 %, de nausées ou vomissements pour 21 %, de troubles de la vue pour 21 %. Aussi, note-t-on des cas de transpirations excessives pour 13 %, une tendance à l’étourdissement pour 8 % et une hyper-salivation pour environ 8 %. Ce que cela présage pour le Bénin est un signe dangereux pour l’avenir si l’agriculture n’est pas repositionnée afin de répondre aux exigences de la population croissante. Mais le plus important est qu’en faisant ce repositionnement, il est nécessaire de veiller à la santé de la population et à la protection de l’environnement tout en impliquant fortement la jeunesse.
Et ce repositionnement c’est le retour à l’agriculture organique ou biologique