1- Présentez-vous
On m’appelle Fiacre KINKIN et je suis le directeur général de « Images Africaines Sarl », qui est une société du tourisme réceptif. Je fais découvrir en priorité l’Afrique de l’Ouest aux touristes (Bénin, Togo, Ghana, Burkina, Sénégal et dans un futur la Côte d’Ivoire).
2- Qu’est-ce que le tourisme rural ?
Le tourisme rural est le déplacement d’un individu (appelé touriste) d’un endroit X développé, ou du moins, relativement, vers un endroit Y moins développé, rural, avec au moins une nuit sur place, dans le seul but de la découverte et de la visite de cet endroit sans souci d’exercer durant ce déplacement, une activité rémunératrice. En somme, c’est la visite d’une région rurale, dans le but de la découvrir dans son originalité, ses mœurs et coutumes.
3- En quoi le tourisme rural peut contribuer au développement économique d’une nation comme le Bénin ?
Le tourisme rural est en tout bénéfique pour l’économie des pays sous-développés comme le nôtre. Imaginez des individus, ayant un pouvoir d’achat supérieur, qui se déplacent vers une région défavorisée et qui y dépensent leurs économies ! Cette activité permet à ces régions visitées d’avoir des sources de revenus complémentaires pour leur auto-développement (bien entendu quand l’activité est bien organisée.
Car quand cela est fait de façon anarchique, cela corrompt, parce que crée la facilité du gain pour les populations qui préfèrent ne rien faire en attendant les touristes). Aussi, il arrive souvent que les touristes qui aiment se déplacer vers les zones rurales décident d’aider directement ces régions en construisant des écoles, en forant des puits, etc. Donc les zones rurales ont tout intérêt à avoir une bonne organisation pour profiter de ces apports capitaux pour l’épanouissement de leurs habitants.
4- Que pensez-vous de l’état du tourisme rural au Benin ?
Avant de parler du tourisme rural, parlons d’abord du tourisme en général au Bénin. Malheureusement, sur ce plan rien n’est fait pour le développement de ce secteur. Quand vous vous rendez sur un salon de tourisme européen par exemple, vous avez honte de la présentation du stand de notre pays.
Vous sentez l’amateurisme à des kilomètres. Alors c’est tout normal que d’autres pays Africains soient mieux connus que nous. Et cela n’est qu’un épiphénomène dans tout ce qu’il faudrait refaire pour le développement de ce secteur pourvoyeur d’emplois et très rentable.
Donc malheureusement le tourisme rural n’est pas développé dans notre pays. Améliorer l’organisation de ce secteur est tout simple et ne demande pas trop d’investissement. Dommage que rien ne soit fait pour. Néanmoins, si nous voulons être positifs, nous dirons que l’avantage est que tout est à faire, donc il y a d’avenir dans le secteur.
5- Le Bénin possède-t-il un potentiel en matière de tourisme rural ?
Notre pays dispose de beaucoup d’atouts en tourisme rural. Sans être chauvin, je peux confirmer que notre pays n’a rien à envier à certains pays de la sous-région.
Nous avons encore des villages authentiques, donc la « matière première » pour le tourisme rural. Exemples des villages Tanéka Koko et Somba où vous avez la possibilité de vivre un tourisme rural très intéressant et original.
6- Le gouvernement a-t-il un plan stratégique de relance du secteur touristique comme le plan stratégique de relance du secteur agricole ?
Voulant relancer l’économie du pays, le gouvernement ne peut pas ne pas avoir un plan stratégique de relance du secteur. Le seul problème, est que d’expérience, ces plans n’aboutissent à rien. Le tourisme n’est pas l’affaire des fonctionnaires, car la réalité du terrain est autre.
Pour que les choses changent, il faudrait mettre à la tête de ce ministère des professionnels ou d’anciens professionnels et non tout le temps des gens d’autres secteurs qui ne comprennent rien aux réalités du secteur. Car les réalités du secteur paraissent plus simples pour celui qui a déjà travaillé dans ce secteur si passionnant, mais avant tout, si délicat.
7- Y-a-t-il un lien entre le tourisme et le secteur agricole ?
Le tourisme est un secteur transversal, donc il a besoin de tous les autres secteurs pour son développement. Et si nous parlons de tourisme rural, naturellement, l’agriculture à une place importante pour la bonne conduite de cette activité.
Quoi de plus beau que de pouvoir partager, par exemple, le quotidien d’un cotonculteur ou d’un cultivateur de produits vivriers ? Le développement de l’agroalimentaire et de la science se fait grâce à la découverte des techniques issues des valeurs endogènes rencontrées lors du tourisme rural.
8- Si oui, pouvons-nous dire que le développement du tourisme rural peut impacter sur le développement du secteur agricole ?
Le développement du secteur touristique peut impacter sur tous les autres secteurs de la société, étant donné que cela permet l’entrée de beaucoup de devises étrangères. L’essentiel est de pouvoir trouver le juste milieu (et c’est ce qui est compliqué).
Car quand on ne trouve pas le juste milieu, on pourrait détruire le secteur (avec le sentiment de l’argent facile pour les populations rurales qui au lieu de travailler, préféreront rester assis sous les arbres à palabres en attendant les touristes).
L’essentiel est qu’il y ait une organisation sérieuse qui puisse aider ces populations rurales à trouver le juste milieu, donc à utiliser l’argent que générera cette activité pour le développement communautaire et non celui des individus.
9- Si vous disposiez d’une baguette magique, que feriez-vous pour le bonheur des Béninois ?
Si j’avais une baguette magique, je mettrais déjà à la place qu’il faut ceux qui sont capables et non ceux qui semblent l’être. Rien ne vaut l’expérience.
Pas celle juste de diriger, mais surtout d’organiser et d’avoir le sens de ce que les touristes cherchent. Car la notion du beau est relative. Les touristes ne viennent pas en Afrique juste pour voir du luxe, ils l’ont déjà chez eux.
Ils viennent pour découvrir l’authentique, l’original.