L’ananas est une culture d’exportation à l’image du coton et de l’anacarde au Benin. Sa production en pleine expansion est principalement destinée aux marchés régional et international. Il appartient à la famille des Broméliacées originaire d’Amérique. Découvert par Christophe Colomb en Guadeloupe en 1493 et au Panama en 1502, sa présence au Bénin remonte probablement à la période de l’esclavage (1708-1740) sous le roi AGADJA. La production intensive d’ananas a débuté en 1972 à l’initiative de sociétés privées dans le département de l’Atlantique au sud-Bénin (DOSSOU Félix, 2001).
En effet, est concentrée au sud-Bénin, plus précisément dans le département de l’Atlantique sa production avec 147 000 tonnes soit 98% environ de la production nationale. Notons que l’ananas se cultive dans sept (07) départements sur les 12 que compte le pays. Environ 50% de la production annuelle sont vendus sur le marché national (35% pour l’autoconsommation et 15% pour la transformation) et le reste est exporté dont :
- 2% vers l’UE,
- 8% en ananas séché exporté et,
- 40 % vers le Nigéria, le Niger, le Burkina Faso, le Mali etc. (Sohinto D., 2008).
Suivant les statistiques de l’INSAE et de l’ADEX en 2007, les exportations de l’ananas ont été de 2400 tonnes. Ces exportations concernent essentiellement l’ananas conventionnel. Mais la culture de l’ananas conventionnel contribue à une dégradation rapide du sol sur les terres de barre au sud du Bénin (car sa production n’a pas cessé d’augmenter). Selon Floquet et al. (2001), les caractéristiques des terres de barre diminuent rapidement. Pour pallier à cette dégradation de la fertilité des sols, des initiatives combinées aux demandes du marché international ont été développées pour l’introduction de l’ananas biologique.
D’où vient l’ananas biologique ?
Les faits remontent à 2002, où des recherches ont été initiées dans le domaine pour évaluer les impacts de la production de l’ananas conventionnel sur l’environnement. Les résultats de cette recherche ont mis en évidence les limites de la production conventionnelle et la nécessité de repenser la stratégie de production de l’ananas dans le département de l’Atlantique.
En 2003, sollicitée par CLARO pour la production de l’ananas biologique en vue de satisfaire aux demandes extérieures, HELVETAS a pris contact avec les chercheurs pour se lancer dans la recherche des techniques de production de l’ananas biologique. Ainsi, une rencontre a eu lieu entre les deux sur les modalités de collaboration, de planification et de mise en place d’une telle innovation.
A la suite de cette importante rencontre, un voyage a été organisé au Togo en 2003 pour visiter les paysans pratiquant de l’ananas biologique et étudier quelques aspects agronomiques.
En 2004, le premier projet de Helvetas d’appui aux acteurs pour la production de l’ananas biologique a vu le jour. Dans le cadre de ce projet, une étude exploratoire conduite par les chercheurs du CARDER (actuel CERPA) avait permis d’identifier les poches de rejets biologiques dans les départements des Collines et du Plateau (Ifangni, Kétou, etc.) où les producteurs ne pratiquaient pas le système intensif avec l’utilisation d’intrants chimiques. Les paysans de l’Atlantique avec l’aide de Helvetas ont acheté les rejets issus de ces zones. Les premiers acteurs qui sont intervenus à ce stade sont : UGPAT (Union des groupements des Professionnel de l’Ananas de Toffo), IRA (Initiative pour la Relance de l’Ananas) et COPRAMA (Coopérative des producteurs d’Ananas et de Manioc).
L’année 2007 a été essentiellement marquée par l’étude des pratiques endogènes liées à la culture d’ananas biologique où ont été identifiés l’oranger, le papayer et le bananier comme des fruitiers qui pourraient être associés à l’ananas, en plus de l’arachide, le mucuna, etc.
En 2008, dans le but d’acquérir de nouvelles connaissances les producteurs ont effectué avec l’appui de Helvetas une visite d’échanges au Ghana (stratégies de production des rejets) et au Burkina Faso (mode de fertilisation des sols pour l’ananas biologique). La même année, les OP ananas (IRA, COPROAMA, UGPAT) ont été regroupées autour de UGPAT en vue de l’obtention du certificat biologique délivré par ECOCERT.
Sur la base de tous ces acquis, en 2009, il a été planifié la mise en place de parcelles-écoles avec les producteurs. Cette mise en place a été effective en 2010.
De tout ce qui précède, on s’aperçoit que l’initiative est venue de CLARO en Suisse et Helvetas (initiative exogène) et par la suite les autres acteurs s’y sont associés. Le sacre a été l’obtention du « certificat de conformité mode de production biologique produits pays tiers » délivré par ECOCERT en 2009. D’un point de vue territorial, les producteurs sont concentrés dans les communes d’Allada, Toffo, Zè, Kpomassé, Ouidah, Tori-Bossito et d’Abomey-Calavi. En d’autres termes, l’ananas biologique partage le même bassin de production que le conventionnel. Il s’agit d’une vaste étendue de terre d’environ 490 000 ha propice à la culture de l’ananas.
Rappelons que la production de l’ananas biologique présente beaucoup d’avantages issus de l’agriculture biologique et de surcroît elle est plus rentable que celle conventionnelle. L’article suivant nous en donnera la preuve.