Le Maïs: source de revenu des paysans est en danger
L’ensemble des pays de l’Afrique de l’ouest et du centre est gravement affecté par la plus forte variabilité climatique jamais enregistrée au cours du 20ème siècle, tant par son intensité que par sa durée (Hulme 1996 ; Morel 1998; Dai et al 1998).
Il en résulte une dégradation du milieu qui se traduit par la diminution des rendements culturaux (Gommes 1998). Les cultures céréalières comme le maïs, dont les rendements n’ont pas cessé de chuter d’année en année semblent être les plus affectées par cette variabilité climatique. En effet, des études antérieures ont prédit que le maïs deviendra une culture commerciale et assurera la sécurité alimentaire mieux que toute autre culture (Smith et al. 1997).
Dans le Nord du Bénin par exemple, il vient en deuxième position après le coton en tant que culture de subsistance et de rente. En termes de surfaces cultivées, le maïs et le coton viennent en tête, chacun occupant environ 33%. Ils sont suivis par les associations céréales (sorgho, maïs, mil, …) légumineuses (arachide, niébé, soja, voandzou,…), le sorgho, le complexe maïs-sorgho, l’arachide etc. L’association culturale demeure une pratique observée dans ces exploitations
Figure 1. Importance relative des principales cultures
Selon le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, malgré une augmentation de superficies emblavées (583254 ha en 1997 à 714155 ha en 2004) les rendements moyens restent stagnés entre 1100 et 1250kg/ha.
Selon Thirtle et al., (2003), chaque augmentation de la productivité agricole de 1% en Afrique, réduit la pauvreté de 0,6%, et l’augmentation de la production de 1% fait baisser le nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour de 6 millions.
Comment expliquer cette situation ?
Elle pourrait s’expliquer par la sécheresse, la baisse de la fertilité des sols, l’utilisation des cultivars (semences, boutures…) inappropriés.
Par exemple au Nord du Benin, les paysans utilisent essentiellement des semences traditionnelles. Or Celles-ci sont considérées comme des ressources aux potentialités limitées et contribuant largement à la faible productivité des systèmes agricoles traditionnels (Vernooy ; 2003).
Cela s’explique par le fait que les variétés améliorées malgré qu’elles soient plus productives sont très exigeantes en engrais minéraux et pesticides spécifiques. De plus, les qualités organoleptiques du maïs issu de ces variétés améliorées ne répondent pas toujours aux exigences alimentaires des producteurs.
Quant à la sécheresse, elle est perçue par les agriculteurs dans bon nombre de zones agro écologiques comme un facteur perturbateur de la production des cultures dont le maïs. Associée aux dégâts des ravageurs, elle hypothèque les rendements et la qualité marchande des produits. Pour pallier ce problème de lutte contre la sécheresse, le Centre international pour l’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT) et l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) ont initié depuis 2007 un projet de recherche sur le maïs tolérant la sécheresse.
Ces variétés nouvelles seront bientôt mises à la disposition des paysans pour le bonheur des consommateurs béninois.
Mais accepteront-ils (paysans) ces nouvelles variétés ? la question reste donc posée.
Mes interrogations à la lecture de l’article sont nombreuses.
1. Selon tes investigations, les études (d’avant 2000) montrent que le maïs sera une culture clé (nous sommes en 2011, soit plus de dix ans après), que la sécheresse un facteur à fort impact négatif depuis plus de dix ans, que l’augmentation de la productivité et de la production est catalyseur de la réduction de pauvreté…
2. Comment se fait-il qu’il a fallut 2007 pour lancer de telles études, comment se fait-il qu’avec toutes ces informations, l’on est on incapable de trouver des solutions idoines, comment se fait-il que ce soit après les recherches qu’il faille chercher à savoir si les utilisateurs sont preneurs (même si on est dans le domaine social, il existe aussi le marketing social)…
Bonne réflexion!
Belles interrogations. Je pourrais expliquer ce retard par le fait soit que l’IITA et le CIMMYT n’étaient au courant de ces études auparavant et qu’il a fallu être confronté à certains problèmes sur le terrain afin de découvrir tout cela; soit bien qu’ils soient au cours de ces réalités ils avaient d’autres priorités; soit ils étaient à la recherche de financement puisque c’est l’argent le nerf de la guerre.
Mais le hic est que non seulement notre gouvernement ne fait qu’attendre des choses des partenaires ce qui pourrait aussi expliquer ce retard mais aussi nos universités viennent à agir tardivement pour plusieurs raisons comme le manque de financement, le manque d’équipements…
Quelle que soit la raison évoquée, cela traduit le manque de planification et visibilité long terme, c’est crucial pour un pays. Mais une fois encore, quand on se reporte aux documentations, on constate bien que la vision existe (Alafia 2025, où la vision est de faire du Bénin «UN PAYS PHARE, UN PAYS BIEN GOUVERNE, UNI ET DE PAIX, A
ECONOMIE PROSPERE ET COMPETITIVE, DE RAYONNEMENT CULTUREL
ET DE BIEN-ETRE SOCIAL»). Ce travail a été fait il y’a dix ans: paradoxalement on revient toujours aux années 2000 où des examens et des études déterminantes ont été effectués. Mieux, beaucoup de choses ont été faites tant en actions qu’en planification. Donc, en réalité, c’est la mise en oeuvre et le choix des acteurs du processus qui posent problème. la volonté politique, elle existe ; le financement, il existe, il suffit de savoir se vendre ; les outils, ils sont à notre portée, nous sommes plus expérimentés et plus développés qu’il y’a dix ans ; les ressources universitaires, elles sont meilleures qu’avant …
tout le problème se résume en cette phrase que j’ai Beaucoup aimé de toi: »Donc, en réalité, c’est la mise en oeuvre et le choix des acteurs du processus qui posent problème ». Et je pense que l’Etat a finalement compris. C’est la raison pour laquelle grâce à la GTZ et à la Danida des ateliers ont été organisés et continuent de se faire afin de définir les acteurs clés intervenant au niveau des chaîne de valeur ajoutée des filières prioritaires. C’est le cas par exemple de l’article dont le titre est « Redynamisation de la filière poisson et crevette ».
Pourvu que les recommandations de ces ateliers très importants soient mises en oeuvre.