Madjaton est le nom donné au site de production de cultures maraichères situé dans le quartier de Banikani. Ce site existe depuis plus de 15ans et s’étend sur plus de 06hectares. Nous avons pu nous entretenir avec Yacoub, jeune de la trentaine d’année qui a fait de son activité principale les cultures maraichères.
AGROBENIN : Jeune que vous soyez, pourquoi avoir choisi ce travail aussi pénible soit-il ?
J’ai choisi ce travail parce que j’aime le faire et cela me permet de me nourrir tout en nourrissant les gens. C’est mon père qui le faisait donc je ne suis qu’un héritier. Aussi, je le trouve mille fois mieux que la vente de l’essence frelatée.
AGROBENIN : Recevez-vous des appuis de l’Etat et/ou de la municipalité ?
Nous ne recevons aucun appui de l’Etat ni moins de notre municipalité. D’ailleurs si vous leur demandez si à Parakou il y a des maraichers, ils vous répondront sans hésiter par la négation. Ils ne connaissent que Djougou et souvent nous sommes envahis par leur production. Actuellement, nous bénéficions du soutien de la coopération suisse. La coopération suisse nous aide à obtenir l’irrigation par aspersion et par goutte à goutte. Et rassurez-vous, si ce financement passait par la mairie, les fonds seront purement et simplement dilapidés. Comme pour dire « Nul n’est prophète chez soi ».
AGROBENIN : Rencontrez-vous des difficultés dans l’acquisition des semences et des intrants ?
Les semences sont disponibles. Le vrai problème réside en l’acquisition des intrants surtout l’engrais. Figurez-vous qu’il n’y a pas d’intrants spécifiques pour les cultures maraichères au Bénin. Nous utilisons par conséquent ceux destinés à la culture du coton. Et si tu ne t’en procures pas lors de la culture du coton, tu es tout simplement foutu. Encore qu’il faut passer par des acrobaties afin d’avoir le sac de 100kg d’engrais à près de 18.000cfa quand l’Etat dit officiellement c’est à 11.000fcfa.
AGROBENIN : Que mettez-vous dans acrobaties ?
Acrobatie parce que primo pour avoir ces intrants, il faut déclarer avoir fait du coton. Secondo, puisqu’il y a de la surenchère, il faut chercher le bon tuyau afin d’avoir le sac de 100kg à un prix raisonnable quoique officiellement le gouvernement fixe un prix.
AGROBENIN : Le marché est-il disponible pour vos produits ?
Le marché est bel et bien disponible dans la mesure où nous sommes envahis par les produits de Djougou. Le problème est que nous avons tellement d’intermédiaire au point où finalement le prix de revient finit par être élevé. Aussi la qualité de nos produits n’est pas souvent stable.
AGROBENIN : Votre cri de cœur !
Franchement, nous avons besoin de formation et d’information afin de développer nos activités car la terre et la volonté y sont et le secteur est très rentable. Nous avons envie de faire du bio mais nous ne savons pas exactement comment cela se fait. Maintes fois nous avons mené des démarches envers la municipalité mais aucun résultat. Aussi nous invitons des entreprises à s’installer afin de nous fournir des intrants de qualité et vous mangerez qualité.