L’on pourrait se demander le lien entre réchauffement climatique et migration (dans migration, nous avons aussi l’exode rural) et vice versa. Mais quand on se rend compte que c’est dans la quête perpétuelle du bien-être et du mieux-être que nous mouvons et bougeons sur des milliers de kilomètres, ce lien est donc facile à établir et plus loin nous pouvons aussi dire que le réchauffement climatique et les conflits vont aussi de pair.
En effet, Près de 70% des pauvres du monde sont des femmes, elles subissent donc de manière disproportionnée les effets du changement climatique. Par exemple, les effets du changement climatique tels qu’une baisse de la disponibilité d’eau potable, une baisse de la productivité agricole et une hausse du risque de famine, affectent de manière disproportionnée les femmes qui sont les gestionnaires des ressources.
De plus, le changement climatique exacerbe les inégalités existantes sur le court terme et sur le long terme. Par exemple, l’insuffisance des ressources comme l’eau ou le bois de chauffage et les demandes de renfort après des catastrophes augmentent la charge de travail des femmes. Ce qui implique une migration des populations. Et selon Marine Franck, Consultante Changement Climatique au Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR),
« Depuis 2008, il y a à peu près 184 millions de personnes qui se sont déplacés à cause des changements climatiques. Ce qui correspond à une personne déplacée chaque seconde ».
Et ce durcissement des conditions de vie a tendance à entraîner des tensions/conflits entre les personnes quoiqu’il soit difficile d’établir un lien direct entre le changement climatique ou les tensions que le changement climatique a engendré avec leur déplacement ou migration. Par exemple en Somalie, il y a eu d’énormes sécheresses entre 2011 et 2013 ; ce qui a valu leur déplacement sur le Kenya. Et quand ces populations sont questionnées afin de savoir si c’est la sécheresse qui a causé leur déplacement ou ce sont les conflits qui ont causé leur déplacement, elles mentionnent dans leur réponse à la fois les conflits et les sécheresses qui existent en Somalie.
Ailleurs dans le monde, par exemple au Yémen, plus de 02 millions de personnes à Arden seulement se sont déplacés cette année à cause des conflits et des conditions de vie aussi difficiles soient elles. La sécheresse au Niger et au Tchad accentue ce phénomène sans oublier le phénomène Boko-Haram qui embrase à la fois le Nord du Nigéria, le Nord du Cameroun, le Nord du Niger et le Nord du Tchad. Au Bénin, non pas qu’il y a des conflits mais les poches de sécheresse qui surviennent en pleine saison pluvieuse ne favorisent pas une sécurité et une autosuffisance alimentaire ce qui est aussi une forme de conflit latent car ventre affamé n’a point d’oreille dit-on.
« J’ai perdu près de 10 hectares de maïs en pleine saison pluvieuse car la pluie n’est pas venue à temps et je ne sais même pas qui peut me rembourser ce fond » a martelé Monsieur Joseph tout désemparé.
Au Bangladesh, je peux vous dire combien de fois j’étais ému quand j’ai rencontré cette famille qui s’est déplacée 09fois de suite à cause des inondations qui ont frappé ce pays à laisser entendre Laurent Fabius à la COP21 à Paris.
Or certaines formes de mobilité humaine peuvent être associées à des pertes économiques et non économiques comme :
- la liberté de mouvement, le patrimoine, le logement, la terre, la propriété, la sécurité et les moyens de subsistance ;
- et de manière indirecte l’identité culturelle, coutumière et/ou spirituelle, ainsi que les réseaux sociaux.
Face à cet état de chose, quelles sont donc les mesures qu’on peut mettre en place afin de limiter ou réduire tout cela ?
Rappelons que ces populations ne veulent en aucun cas être des réfugiés climatiques ou des réfugiés de guerre. Pour y parvenir, nous pouvons entre autre :
- Penser à la réinstallation de ces populations qui s’étaient déplacées à cause des conflits et des sécheresses et inondations ;
- Penser à la réadaptation des populations afin d’augmenter la résilience des personnes face aux effets des changements climatiques. A noter que l’adaptation consiste à prendre des mesures pour faire face à l’évolution actuelle du climat et pour anticiper les effets des dérèglements climatiques sur l’environnement, l’économie, la société et la vie quotidienne;
- Revoir les calendriers de culture agricole afin de mieux s’adapter aux changements climatiques.
N’oublions pas que sur les 20 pays les plus vulnérables au monde, on remarque que 15 sont africains. Il y a de quoi constater que le phénomène est plus accentué en Afrique qu’ailleurs.