Entrepreneuriat au Bénin: cas de M. Fiacre KINKIN
Agrobenin : Présentez-vous
On m’appelle Fiacre KINKIN. Après avoir travaillé durant des années dans une structure réceptive où j’étais responsable du département tourisme, je me suis mis à mon propre compte en créant Images Africaines Sarl (www.imagesafricaines.com).
Agrobenin : Présentez-nous votre entreprise
Images Africaines Sarl (www.imagesafricaines.com ) est une société du tourisme réceptif qui s’occupe d’organiser, entre autres, les voyages et séjours à la demande. Je personnalise les prestations. Je m’occupe de l’événementiel et propose les services d’hôtesses partout où le besoin se fait sentir. Et surtout, j’ai le plaisir de faire découvrir de façon originale l’Afrique de l’Ouest aux touristes (Bénin, Togo, Ghana, Burkina, Sénégal et dans un futur, la Côte d’Ivoire). Aujourd’hui, mes produits phares sont le « Train d’Ebène » au Bénin et le « Bou el Mogdad » au Sénégal ». Et comme je suis dans la logique de réussir ma vie, tout en aidant à l’épanouissement de ceux qui m’entourent, j’aide financièrement et en matériels scolaires quelques écoles du nord Bénin.
Mon leitmotiv : vous faire découvrir une Afrique Noire, loin du tourisme de masse, où le sourire de l’homme n’est pas encore corrompu par une relation à consonance marchande.
Agrobenin : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à créer une entreprise qui plus est dans le secteur du tourisme ?
La raison la plus importante qui m’a poussé à me mettre à mon propre compte est que je m’en sentais capable, étant donné que j’avais déjà toutes ces responsabilités dans l’entreprise où je travaillais. Alors, étant de nature à prendre des risques, je me suis demandé pourquoi ne pas avoir ces même responsabilités, mais à mon propre compte. A grand risque gros profit ou grosse perte. Je voulais avoir la liberté de proposer la visite et la découverte originale de cette partie de l’Afrique qui m’est chère. C’est pour moi ma part de contribution au développement de notre si beau continent. Et ce faisant, je devenais financièrement plus libre et je permettais à plusieurs personnes de vivre de mon risque, que je ne regrette pas du tout, ayant déjà l’expérience et le réseau professionnel indispensable.
Agrobenin : L’environnement béninois, facilite-t-il l’entrepreneuriat dans le secteur du tourisme ?
Dire que l’environnement béninois facilite l’entreprenariat serait faire économie de vérité. Néanmoins, le tourisme est un secteur pas comme tous les autres. C’est différent du fait d’ouvrir un magasin de vente de tomates, où tu es certain d’avoir des acheteurs. Pour le tourisme, le plus important est d’avoir un réseau professionnel prouvé et confiant, surtout qu’aujourd’hui avec l’arnaque sur le net, les occidentaux ont peur de collaboration avec l’Afrique. Alors que si tu as une agence de tourisme, ta cible de clientèle devrait être l’occident. Donc j’avoue que j’ai eu le temps d’avoir un réseau solide, donc exceptés les quelques soucis administratifs, qui sont le lot quotidien de tout entrepreneur, je ne me plains pas trop.
Agrobenin : La jeunesse béninoise, est-elle prête à entreprendre ? Si non pourquoi ?
La jeunesse béninoise sera prête à entreprendre quand elle comprendra depuis l’université, par exemple, qu’il est toujours préférable d’être à son propre compte et de créer de l’emploi autour de soi, et de travailler en vue de cela, que de se contenter de travailler pour quelqu’un d’autre ou d’être fonctionnaire. Mais la vie est un choix, tout le monde ne pourra pas être entrepreneur, tout comme tout le monde ne voudra pas l’être. Car c’est plus de responsabilité, mais aussi de satisfaction, quand on y arrive.
Agrobenin : Parlez-nous un peu des difficultés que vous avez rencontrées lors de la création de votre entreprise et les difficultés que vous continuez de rencontrer malgré que le gouvernement prône l’auto-emploi.
Personnellement je n’ai pas eu de difficultés à ouvrir ma société. C’était un projet de longue date qui a pu se concrétiser avec le temps, quand j’ai pu avoir l’assise financière et bouclé mon réseau professionnel. Les difficultés actuelles sont celles de tout entrepreneur.
Agrobenin : Et quelles sont ces difficultés actuelles ?
Elles sont surtout d’ordre politique, c’est à dire la tranquillité politique dans toute la sous-région. J’ai eu à perdre ces derniers mois des clients juste parce qu’ils avaient prévu de prendre la compagnie libyenne, avec escale à Tripoli, pour venir visiter le Bénin. Suite à la crise et à la guerre dans ce pays, il leur revenait plus cher de venir visiter le pays. Donc j’ai dû faire face à plusieurs annulations de réservations. Ce sont les risques du métier. Donc un pays politiquement stable et sans crises est toujours plus facile à vendre.
Agrobenin : En dépit du soutien de l’Etat, avez-vous d’autres partenaires ?
Moi je n’ai reçu aucun soutient de l’état. J’ai une société unipersonnelle, avec aucune aide ni de personne ni de l’état. Mais comme je le précisais, on ne peut pas travailler dans ce secteur sans des partenaires, donc j’ai des partenaires européens avec qui je travaille depuis des années. Mais ils ne sont pas des associés.
Agrobenin : Les textes de l’UEMOA et de la CEDEAO, favorisent-ils le développement du tourisme notamment celui de type rural ?
Les textes du Conseil de l’entente sont en partie intéressants en ce qui concerne le déplacement des touristes dans toute la sous-région, avec le « visa de l’entente ». Malheureusement, entre les textes et la réalité du terrain, c’est autre chose. Donc la libre circulation avec le visa unique pour la zone du Conseil de l’entente n’est toujours pas encore une réalité de nos jours. L’idéal serait que cela puisse enfin se faire.
Agrobenin: Quelques conseils à l’endroit de la jeunesse qui a du mal à s’auto-employer et à l’endroit du gouvernement.
Conseil à l’endroit de la jeunesse, sachez clairement ce que vous voulez et battez-vous pour y arriver. Tout est possible, il suffit d’y croire et de tout faire avec en tête cet objectif précis et clair. On ne perd rien à essayer et surtout à prendre des risques réfléchis.
Je demanderai juste au gouvernement de créer les conditions pour que les opérateurs économiques puissent se sentir soutenus et non juste des vaches à lait.
Aussi ce que je demanderais à l’état est de s’occuper de la promotion du Bénin avec une diplomatie active. Cela fait toujours mal d’être obligé tout le temps d’indiquer notre pays, par rapport au Nigéria à cause du pétrole, ou du Togo à cause de leur histoire politique trouble passée, quand on est en pleine discussion en Europe. Les gens ne connaissent pas encore notre pays. On ne nous connaît malheureusement pas.