Le coton ou l’or blanc au Bénin: de la crise à des opportunites
Le secteur cotonnier reste une principale source de devises pour le Bénin au regard de sa contribution dans la création de la richesse nationale (70 à 80% des recettes d’exportation, 35% des rentrées fiscales et 13% du PIB) (INSAE, 2002). Vu l’importance de la filière, elle a été longtemps dans un système centralisé, entièrement sous le contrôle de l’Etat.
Mais au début des années 1990, dans le cadre de la politique de libéralisation/privatisation, le secteur cotonnier a connu de nouvelles orientations caractérisées par l’ouverture de la filière aux acteurs privés. Ces réformes engagées devraient permettre à l’Etat d’une part, de re-dynamiser le secteur et d’autre part, de réduire les coûts de ses interventions (PNUD, 2000). Aujourd’hui, en dépit de cet arrangement institutionnel et des acquis obtenus, le secteur cotonnier connaît diverses contraintes qui freinent le bon fonctionnement du mécanisme mis en place.
En effet, une crise sans précédent secoue actuellement ce secteur et cela est née de la disparité des chiffres entre le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) et l’Association Interprofessionnelle de Coton (AIC) : pour le MAEP, le Bénin a produit 300.000 tonnes de coton mais pour l’AIC, le Bénin a produit 174.000tonnes. Ce qui compromet dangereusement la croissance économique de notre pays en la faisant passer de 4% à à peine 1%.
Ainsi donc, cette crise fait et continue de faire couler beaucoup d’encre et de larmes. D’encre puisque cela fait tout le temps la une des quotidiens et de larmes puisque des personnalités ont perdu leur poste (au sein du gouvernement, au sein des acteurs de la filière et au port autonome de cotonou). Aussi la dissolution de l’AIC a conduit des centaines de jeunes (environ 500) au chômage voyant ainsi leur rêve brisé.
Depuis quelques jours, les intrants sont devenus la chasse gardée de l’Etat qui tient à sauver la campagne cotonnière 2012-2013 et de la société importatrice (Société de Distribution des Intrants : la seule dans toute la sous-région) qui au vue de sa position de monopole veut mettre la pression sur l’Etat. Mais le maïs n’ayant jamais raison devant la poule, la force a automatiquement eu raison de lui.
Face à cela, l’Etat béninois a décidé en son conseil des ministres n°13/PR/SGG/EXTRA/COM en date du 10 juin 2012 ce qui suit : « Désormais, le Bénin dans sa quête de la promotion de l’emploi des jeunes, a choisi de s’engager dans la production locale des intrants à l’image de ce qui se fait dans les pays voisins comme le Togo, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Burkina-Faso et d’autres pays de la sous-région, et de renoncer à l’option suicidaire de l’importation. »
Qu’il vous souvienne non pas pour défendre Martin RODRIGUEZ, que ce dernier depuis le régime de KEREKOU voulait un agrément afin d’installer une usine de production d’intrants sur le territoire national. Ce qui d’ailleurs non seulement va employer des centaines de jeunes mais booster l’économie béninoise. Mais contre toute attente, son cri est resté sans réponse. Aujourd’hui l’Etat se retrouvant le nez dans la farine et le dos au mur voit tout d’un coup ce qui se passe dans la sous-région et décide de renoncer à l’option suicidaire de l’importation en tendant la main à toute personne voulant s’investir dans la production locale d’intrants. Ainsi, pouvons-nous dire que d’une crise est née des opportunités.
Faudra-t-il attendre d’avoir le dos au mur avant de prendre des décisions salutaires pour notre beau et cher pays ?